L’apprentissage de la propreté commence souvent lors d’une période où l’enfant veut faire tout seul un certain nombre de choses et d’activités et ne veut plus être contraint.
C’est donc pendant cette période que l’enfant va expérimenter son environnement, son corps et exercer sa toute-puissance. Au cours de cette période d’affirmation de sa personnalité, il est nécessaire que le désir de devenir propre vienne de lui, de sa volonté, de son envie à lui.
Dans la pédagogie Montessori, la propreté est vue comme une compétence pratique que l’enfant pourra développer quand il sera prêt, intéressé, encouragé et qu’il aura eu l’occasion de se découvrir.
Généralement, une fois cette étape passée, l’enfant commence à reconnaître certaines sensations physiques et peut manifester de l’intérêt pour la salle d’eau et le pot.
Mon enfant est-il prêt ?
Voici une liste non exhaustive de signes pouvant vous mettre la puce à l’oreille :
Votre enfant peut monter et descendre un escalier en alternant les pieds sur chaque marche et peut sauter à pied joint,
- Il arrive à vous communiquer verbalement ou non son besoin d’être changé : cela indique qu’il est conscient de ce qui se produit,
- Il commence à savoir se déshabiller partiellement sans aide et notamment baisser et relever sa culotte,
- Il veut vous accompagner lorsque vous allez aux toilettes : il manifeste un intérêt pour ce sujet,
- Sa couche reste sèche pendant plusieurs heures.
Le positionnement de l’adulte :
Le rôle de l’adulte est d’accompagner l’enfant en le laissant observer l’utilisation de la salle d’eau, en lui lisant des livres, et en le laissant expérimenter. S’il en a l’envie, laissez votre enfant jouer avec son pot afin qu’il se familiarise avec ce nouvel objet qui va entrer dans son quotidien. Il est possible qu’il veuille y mettre son doudou ou une poupée et qui ait envie de le promener dans la maison.
Maria Montessori nous propose de se baser sur son autonomie. Certains parents souhaitent faire avancer eux-mêmes le processus. Pour diverses raisons, on aimerait que le petit arrête les couches avant même qu’il ne soit effectivement prêt à le faire.
Pour permettre à l’enfant de devenir propre en toute sérénité, il faut respecter son rythme, sans pression et sans attente. Pour cela, il est important que tout le nécessaire soit à portée de l’enfant et réfléchi.
La pédagogue pointe l’importance de bien préparer l’environnement afin qu’il soit facilement accessible pour l’enfant et où il peut accéder en toute autonomie. Une fois l’enfant prêt à aller sur le pot ou les toilettes, privilégier un coin change, toujours placé au même endroit.
Pour aider votre enfant, nous vous conseillons de choisir des vêtements simples à enfiler et à enlever et qui ne soient pas trop serré ou avec trop de boutons; afin qu’il ne soit pas ralenti dans son autonomie.
L’apprentissage de la propreté ne se fait généralement qu’à partir de 18-24 mois. Cela s’explique par le fait que l’enfant doit avoir une maturation physiologique suffisante pour avoir la capacité à ressentir l’envie d’uriner et de maîtriser ses sphincters. Ce contrôle n’est pas possible avant ses 18 mois.
Une maturation intellectuelle est aussi nécessaire afin que l’enfant ait conscience de son besoin c’est-à-dire qu’il puisse identifier son besoin d’uriner et/ou d’aller à la selle et de pouvoir y répondre volontairement.
L’enfant doit avoir l’envie de devenir grand et de faire comme les adultes qui l’entourent. C’est à ce moment-là que la maturation affective entre en jeu.
Toutefois, l’âge ne fait pas tout : il est important que l’enfant soit prêt psychologiquement et physiquement, l’un n’allant pas sans l’autre. Tous les enfants étant différents, il est inutile de comparer les enfants entre eux. Ils apprennent à un rythme qui leur est propre.
L’acquisition de la propreté se fait progressivement avec parfois des retours en arrière, liés aux événements de la vie. Par exemple, avec l’arrivée d’un bébé dans la famille, l’entrée à l’école, un changement de mode de garde, etc. L’enfant a besoin d’être rassuré et entendu, les choses reviendront à la normale.
De la maison à la crèche :
Notre équipe de professionnelles travaille en collaboration avec les parents. Il est important qu’il y ait une cohérence entre la maison et la crèche afin qu’il y ait une continuité. Il est recommandé d’employer les mêmes mots utilisés par les parents pour l’urine et les selles (généralement « pipi », « caca ») afin que l’enfant s’y retrouve et sache de quoi l’adulte est en train de lui parler.
Lorsque l’enfant devient plus autonome, nous lui proposons de le changer debout pour qu’il soit davantage acteur et qu’il puisse lui-même enlever sa couche et la jeter. De sorte que l’idée de se séparer de cette dernière soit moins effrayante pour lui.
Il est parfois difficile pour certains enfants d’aller aux toilettes ailleurs qu’à la maison. Nous même ne sommes pas toujours à l’aise pour aller aux toilettes dans les lieux publics ou au travail. Il n’est donc pas rare qu’il y ait un décalage entre la maison et la crèche. Effectivement, un enfant qui a pour habitude à faire ses besoins sur un pot à la maison sera plus retissant à aller sur les toilettes à la crèche : cela s’explique par le contact qui est différent avec la porcelaine et ce trou impressionnant. Il est courant que l’enfant ne puisse pas poser ses pieds à plat sur le sol ce qui le rend peu stable. C’est pour cela que nous avons mis à disposition un pot pour que l’enfant puisse avoir le choix et soit plus à l’aise dans son apprentissage.
Les petits accidents sont inévitables et normaux. Il est important de dédramatiser les incidents pour ne pas créer un sentiment d’échec pouvant décourager l’enfant et lui donner envie d’abandonner. Lors des transmissions du soir, l’équipe veillera à ne pas mettre l’accent uniquement sur la propreté.
En effet, il est possible que l’enfant soit en moment de grande concentration lors d’un atelier ou d’un jeu ; il n’est alors plus disponible pour lui d'identifier les signes annonçant le besoin d’aller aux toilettes. L’enfant peut également attendre la dernière minute pour aller sur les toilettes, de peur que le jouet qu’il convoite ne soit plus libre à son retour. Pour éviter un maximum ces situations, nous proposons à l’enfant d’emmener avec lui le jeu qu’il a dans la main et de le poser à l’abri de ses camarades ; afin qu’il puisse le retrouver après être passé aux toilettes.
Le rôle de l’adulte sera de montrer de la reconnaissance pour les actions de l’enfant en le verbalisant : « merci Rachel de m’avoir dit que tu as envie de faire pipi, viens on va aller à la salle de bain » ou bien « Merci Rose de me dire que ta couche est mouillée, viens on va la changer ». L’enfant se sentira valorisé et entendu.
Maria Montessori explique qu’il est important que l’enfant ne ressente pas qu’il dépend des autres pour résoudre ses problèmes mais qu’il peut compter sur lui-même. Cela lui permet de favoriser son estime de soi et de profiter pleinement de son autonomie. De plus, l’enfant apprend de ses propres erreurs, cela lui permet de réajuster ses actions pour modifier la conséquence.
Cependant, il est déconseillé de donner une récompense ou de punir en fonction de la production de l’enfant. Devenir propre est quelque chose de naturel et non pas une action extraordinaire qui mérite d’être récompensée. Ayant acquis une certaine maturité, il est nécessaire qu’il soit conscient de la normalité de son action. La pédagogie Montessori est basée sur un principe de récompense interne qui met en avant la satisfaction intérieure et le sentiment de fierté que l’enfant éprouve lorsqu’il termine un travail.
Quelques livres choisis par les professionnelles pour vous accompagner, vous et votre enfant.
Fouzia BOUZIT, Aide Auxiliaire et Marine JUSTIN, Auxiliaire Puéricultrice